L’opposition traditionnelle entre commerce de centre-ville et commerce de périphérie aurait-elle fait long feu ? Et avec elle les politiques publiques mises en œuvre pour soutenir les boutiques des centres-villes marchands en encadrant le développement des grandes et moyennes surfaces des pôles périphériques ?
C’est l’une des hypothèses développées par Pascal Madry, directeur de l’IVC (Institut pour la ville et le commerce), le 20 février lors des rencontres de l’AMF sur les « Enjeux, outils et gouvernance locale de la compétence commerce ». Selon lui, l’accès des consommateurs aux commerces se modifie, l’habitat ayant tendance à s’éloigner toujours plus, non seulement des centres villes mais également des pôles commerciaux périurbains. « Nos villes s’étalent plus vite que nos commerces ! Il nous faut aujourd’hui plus de temps pour accéder aux commerces, même à nos vieux centres commerciaux », décrit-il.
En effet, l’artificialisation des sols est avant tout le fait de l’habitat individuel. Il contribue entre 57 % et 64 % du total que l’on se situe dans le périurbain éloigné ou dans la continuité des espaces bâtis. Et contrairement aux idées reçues, le commerce ne contribuerait qu’à hauteur de 1 % à 3 % (données SDES, Sit@del, Corine Land Cover).
En outre, les nouvelles formes de commerces — que sont pas exemple les drives et les plateformes — s’installent elles aussi près des flux dans les zones périphériques denses et se trouvent éloignées des consommateurs.
Ainsi, la question sensible actuellement et pour les prochaines années serait celle d’un découplage entre commerce et logement et de l’accessibilité de populations toujours plus éloignées des polarités marchandes.
Une mutation qui avec celle de la montée en puissance du e-commerce pourrait rendre caducs les dispositifs imaginés par la loi Élan pour redynamiser le commerce de centre-ville et encadrer les périphéries ?
C.R. (FNCAUE)
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[publié le 25/02/2019]